Mise en relation de la forme des terrils avec les techniques d'exploitation
Les considérations qui suivent proviennent des ouvrages de Debehault (1968), Frankart (1984) et Franssen (1990).
Il apparaît que la taille et la forme des terrils que nous observons aujourd'hui sont le résultat d'une évolution qui s'étend sur plusieurs siècles.
Avant la révolution industrielle, les terrils n'étaient que de petites « mottes » ne dépassant jamais quelques milliers de m³. Ils étaient appelés " fourfoyeux " (les habitants se faisaient accorder un forfait leur permettant d'exploiter le sous-sol) . Ces formes résultaient du fait que l'exploitation n'était à cette époque qu'au stade artisanal, et que, d'autre part, on ne remontait que peu de morts-terrains (c'est à dire tout ce qui n'était pas du charbon). Ces terrils ont actuellement tous disparu.
Dès la deuxième moitié du XVIIIème siècle, la concentration des petites sociétés charbonnières s'est opérée pour réaliser une industrialisation, une mécanisation et une intensification de l'exploitation du charbon. Ainsi, sont nés des terrils de gabarits beaucoup plus imposants quoique étalés : ce sont les terrils dit " bombés ". C'est à cet époque que les ébauches de terrils sont apparues clairement en relation avec la révolution industrielle qui venait de s'amorcer.
A la fin du XIXème siècle, le volume des terrils est devenu important. En effet, en plus d'une intensification de la production, on a commencé à extraire de plus en plus de schistes, parfois même plus de schiste que de charbon. Ceci a résulté du fait que, les machines avaient acquis beaucoup plus de puissance, et que, le lavage du charbon (à l'extérieur de la mine) s'est perfectionné. Enfin, de nombreux sièges ont fusionné et regroupé leurs déversements.
Mais les terrils du XVIIIème et XIXème siècle présentaient des volumes encore modestes, dépassant rarement 100 000 m³ .
Au XXème siècle, la Belgique comptait 265 charbonnages en activité, tous situé en Wallonie dans le sillon Sambre-Meuse et en Campine. La production annuelle moyenne des ces charbonnages était de 23 000 000 m³ . Les terrils ont été aménagés en forme " conique " en raison de l'emploi de " skips ", wagonnets actionnés par un treuil, circulant sur une rampe qui allait du bas au sommet du terril. Ces wagonnets se déchargeaient dans un échafaudage sommital appelé " culbuteur ".
Parfois, on plaçait des plaques de tôle, appelées " glissières ", sur les versants des terrils afin de faciliter l'étalement rapide des matériaux. L'utilisation de ces glissières était responsable de la succession de crêtes et de ravines sur les pentes.
Lorsque des terrils atteignaient une hauteur comprise entre soixante et cent mètres, on cessait de les élever et on déversait alors dans une seule direction, provoquant ainsi la formation d'une crête, donnant les terrils " à crête ".
C'est donc réellement à la fin du XIXème siècle et au cours du XXème siècle, que sont apparus des terrils plus nombreux, plus volumineux dépassant généralement 1 000 000 m³ et occupant une plus grande surface que leurs " ancêtres ".
Ces derniers terrils dit " originaux " constituent, avec les terrils " digités " obtenus dans certaines conditions par des déversements successifs sur les flancs, le stade ultime de leur évolution morphologique. Ils présentent en général de fortes pentes et une granulométrie hétérométrique.
Néanmoins, certains terrils ne possèdent plus ces formes. Depuis 1975, des terrils dit " remaniés " ont vu le jour, résultant du triage par voie humide des terrils originaux. Ils se caractérisent par l'inclusion de larges bassins à " schlamms ", des pentes plus faibles, un relief tabulaire, une absence de combustion, une granulométrie triée (schlamms, schistes fins, schistes grossiers,…) résultant du triage et un boisement artificiel prononcé.
Le terril digité de Batterie nouveau en 1971